Association médicale canadienne

Là où Laney Beaulieu a grandi, au sein de la communauté isolée de Deninu K'ue, dans les Territoires du Nord-Ouest, il n’y a pas d’hôpital. Une seule infirmière s’occupait des 500 habitants.  

Cette infirmière était la grand-mère de Laney, sa principale dispensatrice de soins et source d’inspiration.  

Laney, qui est Dénée et Métisse, passait ses journées au poste de soins infirmiers à regarder sa grand-mère s’occuper des membres de sa communauté et a constaté très tôt le manque d’accès aux soins de santé dans le Nord.  

« Pour tout ce qui nécessite l’intervention d’un médecin, nous devons appeler une ligne d’urgence et faire venir un avion pour nous emmener à Yellowknife, explique-t-elle. Si nous devons nous rendre dans un centre de soins tertiaires, nous sommes alors transportés à Edmonton. » 

Ces expériences ont motivé la décision de Laney de poursuivre une carrière en médecine. Aujourd’hui âgée de 24 ans, elle est étudiante en troisième année à l’École de médecine et de dentisterie Schulich de London, en Ontario.  

Mais la transition vers un grand centre urbain a été difficile. Outre le stress engendré par les études de médecine, sa petite communauté très unie et sa famille lui manquaient. De plus, il y avait peu d’étudiantes et étudiants autochtones dans sa cohorte.  

« Il est difficile de former sa propre communauté dans sa classe quand on se sent si différent(e) des autres. »  

Soutenir les mentorats autochtones  

Les mentorats sont une ressource essentielle pour les médecins en devenir, car ils offrent des possibilités de formation, de conseil, de réseautage et de perfectionnement. 

Mais selon une carte de pointage de Médecins résidents du Canada (en anglais), « une proportion importante de médecins à l’étape de la résidence n’a pas de relation mentorale et souhaiterait en avoir une ». 

Pour les futurs médecins autochtones à la recherche de relations mentorales autochtones, le défi est encore plus grand. Selon le recensement de 2016, moins de 1 % des médecins du Canada s’identifient comme Autochtones, alors que les Autochtones représentent 4,5 % de la population générale.  

En 2021, la Fondation AMC a accordé une subvention à l’Association des médecins autochtones (indigènes) du Canada (AMIC) pour l’élaboration d’un programme national de mentorat. En soutenant les futurs médecins autochtones, l’organisation espère élargir le réseau des médecins autochtones au Canada. Le fait d’être en relation mentorale avec une personne ayant une expérience comparable à la sienne qui offre des conseils et de l’aide pour atteindre ses objectifs de carrière peut changer la vie d’une personne.  

Ce financement s’inscrit dans le cadre de l’engagement plus large de l’Association médicale canadienne (AMC) en faveur de la réconciliation dans les soins de santé et de sa collaboration avec les Premières Nations, les Inuits et les Métis en vue d’améliorer la santé des peuples autochtones. 

Apprenez-en davantage sur le travail de l’AMC relativement à la santé des Autochtones 

Après avoir consulté ses membres, l’AMIC a mis en place un cercle de mentorat, une plateforme en ligne qui permet aux deux parties de la relation mentorale de créer des profils, de trouver des partenaires en fonction de leurs besoins actuels et de leur disponibilité, d’entrer en contact et d’échanger dans l’esprit des études de médecine. Bien que la lassitude technologique puisse être un obstacle pour certaines personnes, la plateforme virtuelle est accessible et permet aux futurs médecins occupés d’entrer en communication mentorale en cas de besoin. 

« Les programmes de formation et de soutien pour les médecins autochtones contribuent non seulement à la sécurité culturelle des personnes malades, mais également à celle de notre système de santé. Nous en profitons tous. »

Soutenir les mentorats autochtones 

laney and alexa
Laney Beaulieu et la Dre Alexa Lesperance au Congrès des médecins autochtones de la région du Pacifique tenu à Vancouver en 2022.

Laney Beaulieu s’est jointe au cercle de mentorat au cours de sa première année d’études de médecine et a été jumelée à la Dre Alexa Lesperance, une Anichinabée du nord de l’Ontario et résidente de première année du programme de médecine familiale autochtone de l’Université de la Colombie-Britannique. Les deux femmes échangeaient fréquemment en ligne au sujet de leurs expériences et frustrations communes, parlant notamment du fait que leur communauté leur manquait, de l’adaptation à la vie dans les grandes villes et des défis que représente le fait d’être autochtone dans une faculté de médecine.  

« C’est un peu cliché, mais je pense qu’on se sent moins seul(e), explique Laney. 

« Le fait qu’Alexa soit autochtone m’a été d’une aide inestimable. J’ai fait la connaissance de nombreux médecins non autochtones qui ont été d’excellents mentors pour faire avancer ma carrière ou me guider dans différentes spécialités. Mais sur le plan émotionnel et culturel, ils n’auraient pas pu m’offrir le même type de mentorat. » 

Si Laney recherchait surtout un soutien émotionnel, le cercle de mentorat est également une ressource précieuse pour les personnes mentorées qui souhaitent obtenir des conseils en matière de carrière et de réseautage grâce à son registre de médecins autochtones.  

L’expérience de mentorat de Laney l’a incitée à s’impliquer auprès de l’AMIC, ce qui l’a amenée à devenir la représentante étudiante de son conseil d’administration en 2022-2023. Elle et Alexa ont également noué des liens lors des événements de mentorat en personne de l’AMIC, organisés dans 14 facultés de médecine au Canada – une occasion pour les médecins en devenir et les médecins en exercice de faire du réseautage et d’établir des relations. L’AMIC affirme que la participation aux événements sur le campus continue d’augmenter d’année en année.  

Une fois son diplôme de médecine en poche, Laney a l’intention de retourner dans sa communauté des Territoires du Nord-Ouest pour contribuer à combler les lacunes en matière de soins médicaux et perpétuer l’héritage de sa grand-mère.   

À la lumière de son expérience, elle encourage toute personne autochtone, aux études de médecine ou en résidence, à la recherche de conseils et de soutien à profiter du programme de mentorat de l’AMIC.   

« Même si vous estimez que votre santé émotionnelle n’est pas une priorité, si vous avez des questions sur certains parcours professionnels en tant que médecin autochtone, la liste de mentorat couvre un large éventail de choix de carrière. » 


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